L’Asbl Respect Seniors, Agence wallonne de lutte contre la maltraitance des aînés, a organisé 5 midis de réflexion autour des droits fondamentaux des aînés pendant la crise sanitaire Covid-19 en proposant des interviews de citoyens et de professionnels de tous horizons.
LA QUESTION DU JOUR : Qu’est-ce que les aînés nous ont enseigné pendant cette crise ?
A la suite des interviews, Respect seniors s’est également prêtée au jeu en répondant à son tour à la question et conclus :
Ces 5 moments ont permis d’ouvrir la réflexion autour de cette thématique et permettre de mettre en lumière quelques éléments importants :
Avec le Covid-19, des décisions ont été prises avec une mise sous protection rapide et intensive des citoyens. Mise sous protection d’autant plus forte de nos aînés dont la santé (et même la vie) étaient les plus menacées.
Ce colloque a le mérite de pointer à quel points les aînés, essentiellement en maison de repos, ont été spectateurs des mesures sanitaires imposées les concernant.
A-t-on donné la parole aux aînés ? Peu, pas, pas assez, pas du tout ?
Nous faisons le constat que les impacts nous touchent différemment selon le contexte dans lequel nous nous trouvons : les soignants qui côtoient la maladie de près, les aînés selon leur lieu de vie (en collectivité ou à la maison). L’état de santé, de fragilité et le contexte socio-économique influencent aussi les perceptions.
Et lorsque la parole est donnée, nous entendons que si certains disent avoir compris le sens de ces restrictions, les ont même acceptées, y ont vu la visée protectrice et aussi une manière de respecter l’autre (et que La crise a peut-être même permis d’une certaine manière de faire plus attention aux autres, à la collectivité en mettant de côté ses besoins et plaisirs individuels). Nous avons aussi entendu à quel point certains avaient été déstabilisés, éprouvés. Nous avons accueilli des ressentis de peur, de colère, d’isolement, de fatigue, de stigmatisation.
Nous vous confions d’ailleurs, que si certaines dérogations aux libertés individuelles sont défendables au vu de l’urgence, ce qui est à craindre c’est la banalisation et la pérennisation de ces dérogations !
Alors pourra-t-on jamais qualifier les décisions prises de bientraitantes ou maltraitantes ?
Nous répétons à Respect seniors que de la bientraitance à la maltraitance, il n’y a parfois pas grand-chose…La maltraitance n’est pas toujours volontaire, ni intentionnelle et elle repose régulièrement sur l’absence d’un questionnement centré sur celui que l’on traite.
Il y a eu des situations de maltraitance probablement dues au contexte, aux directives, à l’épuisement, et nous pouvons les comprendre mais elles ne doivent, en effet, en aucun cas être banalisées sous prétexte que nous sommes justement dans une « situation de force majeure ».
Plus précisément, des décisions inédites face à une situation inédite ne pourront faire l’économie, dans leur application sur le terrain, d’une réflexion préalable, d’une délibération éthique autour des enjeux singuliers rencontrés au cas par cas… De plus, nous devrons être outillés et soutenus pour être en mesure d’aménager ces temps réflexifs indispensables.
Mais se questionner puis reconnaître ne suffit pas, il faut que nous apprenions…
Alors en guise de clôture : qu’apprenons-nous de cette crise ?
Sans doute, et de manière générale, qu’il y a urgence à revoir le regard que la société porte sur nos aînés, cessons de décider à leur place, demandons leur avis !
Et enfin, travaillons les représentations que nous avons du vieillissement et ce dès le plus jeune âge !
Nous espérons que ces temps d’arrêt amèneront réflexion, concertation et plus d’écoute et d’implication des aînés dans les décisions qui les concernent.
Merci.
L’équipe de Respect Seniors